APPEL À CONTRIBUTIONS Recherches et Applications / Le Français dans le Monde : Mobilités contemporaines et médiations didactiques

Appel à contribution pour le numéro de 2020 de Recherches&Applications coordonné par Muriel Molinié et Danièle Moore.
 
Argumentaire
Comme le montrent déjà de récents colloques passés (Contexte global et contextes locaux : tensions, convergences et enjeux en didactique des langues FIPF-Paris 3, 2014) et à venir, ainsi que des publications dans notre domaine (cf. entre autres GLOTTOPOL 24 (2014) (Se) représenter les mobilités : dynamiques plurilingues et relations altéritaires dans les espaces mondialisés) la notion de mobilité internationale en DDL interpelle aujourd’hui praticiens et chercheurs au delà des questions de mobilités éducatives et académiques (cf. le FDLM/RA 47, 2010, Faire des études supérieures en langues française).
 
La notion de mobilité internationale est aujourd’hui entendue du point de vue des processus d'appropriation d'un espace d'actions. En effet, dans notre post-modernité (où chacun porte la responsabilité individuelle de sa propre employabilité), être mobile devient un projet d'orientation active qui devrait permettre à tout migrant de construire une place dans des environnements changeants plutôt que de subir ces environnements et ces changements. 
 

 

 
 Or, « la pénétration dans une nouvelle communauté par un processus de mobilité a        d’autant plus de chance de réussir à terme que les composantes de cette nouvelle        communauté qui présentent pour les ‘entrants’ un caractère d’altérité seront    identifiées comme telles par ces derniers; d’où l’importance, maintes fois soulignée dans la littérature, des attitudes et dispositions, mais aussi des stratégies permettant à l’acteur social en situation de mobilité de prendre des repères, de poser des balises, de tester des hypothèses interprétatives dans son appréhension des fonctionnements, des acteurs, des institutions de la nouvelle communauté; d’où surtout la place des modes de médiation de nature à ménager des transitions et à éviter ou à tout le moins limiter les blocages, conflits et rejets » (Coste et Cavalli, 2014, Lingue Culture Mediazioni - Languages Cultures Mediation, nous soulignons).
Des médiations didactiques pour que le « migrant » transforme son « déplacement »
en « mobilité » Il incombe donc désormais aux intervenants dans les domaines du FLE et du FLS d’accompagner l’individu de façon à ce qu’il transforme son « déplacement » en « mobilité » pour reprendre une distinction que Kaufmann et Jemelin (2004) nous invitent à effectuer. Pour ces sociologues, un déplacement dans l’espace devient mobilité lorsqu’il implique aussi un changement social. La migration illustre ce phénomène puisque le migrant doit être en mesure de s’adapter au nouvel espace produit par son déplacement :
 
« le jonglage inventif entre les modes de déplacement (voiture, transport public, marche à pied dans les zones centrales...) et entre les formes de déplacement (physiques, virtuels) est utilisé comme une ressource pour repousser les incompatibilités spatio-temporelles auxquelles sont confrontés les acteurs» (p. 7).
Considérant la mobilité comme possibilité globale de l'acteur social de gérer des modes - et des formes - de déplacement physique et cognitif en vue d'organiser les conditions de son changement social, et de son empowerment on peut souligner qu'elle est inégalement répartie, dans un système économique mondial dont la gestion se déterritorialise avec les bouleversements (et les replis identitaires) que cela génère tant sur le plan collectif que sur le plan des destinées individuelles…
Réalités bien perçues par les didacticiens, intervenants et chercheurs qui travaillent au
contact des migrants et se trouvent, de fait, acteurs d'une évolution paradigmatique : prendre en compte (les inégalités dans) la mobilité dans l’enseignement/apprentissage du FLE/FLS et développer des médiations (relationnelles, cognitives, sémiotiques) visant à engager le sujet dans une parole et dans un discours reliant des langues, des cultures, des références, des représentations, des émotions, des espaces et des temporalités. 
 
La problématique de ce numéro sera ainsi la suivante :
Face aux migrations plurielles des publics, face aussi à la diversité des « contextes » dans lesquels s’effectuent ces mobilités pour chaque individu et, par conséquent, face à la diversité des histoires individuelles et collectives que ces mobilités véhiculent, quels cadres théoriques ? quelles valeurs ? quelle discussion éthique ? quelles ressources pratiques ? sont créées, discutées, partagées en DDL ? Comment relier, penser et mettre en oeuvre (en particulier en contexte francophone) les compétences de médiation et d’accompagnement, les actions de suivi, la conception d’outils, etc. ? Confrontés à des situations de plurimigration et de plurilinguisme, des mises en liens entre arts et langages s’avèrent, notamment nécessaire à tous ceux qui, mettant en oeuvre une « altérité en actes » (voir par exemple le travail de Mireille Ciffali-Bega), accompagnent des sujets en mobilité. Ce numéro spécial devrait permettre de penser globalement une didactique prenant encore mieux en compte « l’homme pluriel » (Lahire, 1998) en hyper-mobilité et ses ressources pour apprendre tout en conciliant i) son aspiration individuelle à créer son propre parcours et ii) les opportunités (sociales et professionnelles) qu'offrent les sociétés de transition/d’accueil.
 
Recherches et Applications / Le Français dans le Monde a pour finalité de diffuser en français l’actualité des travaux de recherche relatifs à l’enseignement et l’apprentissage du français langue étrangère ou seconde dans le monde. Elle se situe dans le champ de la didactique des langues défini comme un espace pluridisciplinaire et est une revue de référence qui s’adresse aux enseignants,
chercheurs et jeunes chercheurs, décideurs, impliqués dans ce domaine. Chaque numéro est construit autour d’une thématique.
Les articles de la revue sont soumis aux règles d’une double évaluation anonyme, prise en charge par les membres du comité de lecture de la revue. Les contributions (de 20.000 et 25.000 signes) sont à envoyer pour le 15 juillet 2018 aux deux coordinatrices du numéro : Muriel Molinié molinie.muriel@wanadoo.fr et Danièle Moore dmoore@sfu.ca
Pour plus d’informations sur la revue, voir http://fipf.org/publications/recherches-applications