Faire entendre sa voix grâce aux associations

Le contenu de ce billet nous a été inspiré par une discussion lors d’un atelier associatif organisé en Roumanie, à l’occasion d’une conférence internationale sur la didactique du FLE qui a réuni environ 200 participants venus de tous les coins du pays. Pendant cet atelier, les participants ont pu échanger au sujet de la vie associative des enseignants de français, au poids de nos associations et à leur rôle dans le contexte professionnel actuel. Entre autres, celui d’aide et de soutien à la décision institutionnelle. Nos associations sont loin de se contenter d’une attitude attentiste et les souhaits qu’elles expriment ne sont pas de simples utopies. Ce sont souvent au contraire autant de propositions qui peuvent inspirer, à tous les niveaux, des politiques linguistiques volontaristes, des stratégies et des projets.

Un exemple éloquent est celui de la Commission de l’Europe Centrale et Orientale (CECO) de la FIPF, commission que je connais bien. Dans tous les pays de la région, la création des structures associatives dans les années ’90, était partie prenante de la construction de la société civile et de l’apprentissage de la démocratie dans sa dimension participative. D’ailleurs, le premier projet fédérateur conduit en témoigne : appelé « La rénovation curriculaire en Europe Centrale et Orientale, expertise et perspectives », il faisait découvrir aux associations leur rôle de conseil institutionnel et de vecteur d’innovation auprès des instances nationales de l’éducation et entamait un dialogue professionnel qui n’a plus cessé, depuis, à se développer, avec des hauts et des bas, différents d’un pays à l’autre, comme le prouvent certains résultats de l’enquête réalisée dans le cadre du Livre blanc de l’enseignement du français.

A la question concernant la qualité et la fréquence des contacts consultatifs de la part des institutions nationales de l’éducation, 54% des associations interrogées confirment en être consultées régulièrement, les sujets/occasions les plus récurrents de la consultation étant : les programmes de formation continue, la participation à des jurys d’examens nationaux et la rédaction des sujets de baccalauréat, concours et olympiades de français, l’élaboration du curriculum et le choix des manuels, l’organisation d’évènements et la mise en place de projets, enfin, les mesures législatives, à commencer avec le statut de l’enseignant. Qui plus est – et c’est la suggestion que je voudrais vous faire retenir - quatre répondants évoquent des protocoles signés avec le Ministère de l’Education Nationale concernant la « voix consultative » de l’association (en Moldavie, Roumanie, Serbie et Slovaquie).

La capacité d’engagement associatif des professeurs est révélatrice sur plusieurs points, mais elle est révélatrice avant tout, je crois, d’une ferveur profondément responsable dans l’exercice de la profession. « Il ne peut pas y avoir de positions d’attente, de passivité. C’est pour faire entendre ma voix que j’ai adhéré à l’association », déclarait une enseignante, de toute évidence partagée entre les belles exigences de son propre métier et l’amertume devant l’opacité de bon nombre d’interlocuteurs, les lenteurs institutionnelles face aux changements, une certaine désaffection de la part du public, etc. Elle a choisi la vie associative, comme tant d’autres, avec l’espoir de pouvoir veiller à ce qu’on garde le bon chemin et de se retrouver dans une solidarité professionnelle renforcée, à même de mieux valoriser l’énorme potentiel d’expertise sur le terrain dans une perspective efficace et innovante.

Doina Spiță

Vice-présidente de La FIPF