Identité, appartenance, solidarité et petit bilan de fin d’année

Proposer comme titre de ce billet de décembre « Identité, appartenance et solidarité » c’est déjà suggérer, quelle que soit la thèse qu’on peut soutenir par ailleurs, qu’il existe un rapport possible entre ces trois notions et que ce rapport vaut sans doute la peine d’être évoqué dans la perspective du bilan succinct des grands évènements de l’année 2020 que je vous proposerai.

Qu’est-ce que la FIPF, en quelques mots ? C’est un formidable réseau associatif mondial d’environ 80.000 enseignantes et enseignants de et en français qui, chacune et chacun, dans la discrétion de leurs salles de classe, font rayonner la langue française et les cultures francophones. La fédération compte sur le militantisme de ses adhérents pour raviver périodiquement cette flamme. Ce sont eux qui représentent les meilleurs avocats de l’enseignement du français dans le monde et c’est à eux qu’on rend un hommage pleinement mérité à l’occasion de la Journée internationale des professeurs de français. On l’a fait le 26 novembre dernier. C’est la première action à retenir pour notre bilan, à cause de sa valeur symbolique, certes, mais aussi pour le succès remporté. Quelques données statistiques en font la preuve : organisé autour du thème Nouveaux liens et nouvelles pratiques : projets pour demain, cette deuxième édition du Jour du Prof a été marquée par les 181 activités mises en place dans les diverses régions du monde (50 en Afrique, 50 en Amérique, 22 en Asie, 58 en Europe, 1 en Océanie), les associations le mieux placées étant le Brésil (27 activités), la Bulgarie (13), l’Argentine (8), le Gabon (6) et le Cameroun (5) ; la typologie des activités a été diverse : 77 ateliers / séminaires / forums ; 72 conférences / tables rondes / salons ; 26 réceptions officielles / remises de décoration ; 19 projections / expositions ; 21 activités conviviales ; 11 concerts / festivals / lecture de textes ; 8 rencontres / témoignages et 39 divers ; enfin, 485 institutions différentes (associations, Instituts français, Alliances françaises, d’autres, non-membres de la FIPF) ont réuni leurs efforts au sein des comités nationaux pour en assurer la réussite. Le Jour du Prof, un hub à la française à reproduire tous les ans en faveur de ceux qui forgent l’identité de notre fédération !

Mais, pour reprendre les mots de Jacques Derrida, l’interrogation identitaire n’aurait aucun impact si elle ne prenait appui sur une donnée que le philosophe considère première : le sentiment dit d’appartenance. Être engagé de janvier à décembre dans une action associative comme la nôtre c’est participer à une aventure collective commune. En véritable ensemblier, la FIPF assure conseil, animation, information et pilotage stratégique, mais le lien en est le sentiment d’appartenance qui anime ses membres. Afin de renforcer son tissu communautaire, la fédération a lancé et mis en place une Carte internationale de l'enseignant de français. A l’instar de la carte internationale de l'étudiant, cette carte propose des avantages et réductions sur des biens ou services qui peuvent intéresser les professeurs : l'achat de livres, l'abonnement à des revues, des hôtels (surtout spécialisés dans l'accueil de groupes scolaires), des centres de formation pédagogique ou en français langue étrangère, des lieux culturels et musées, etc. Elle est délivrée, comme vous devez déjà le savoir, à toute personne enseignant le français, quel que soit le type d’établissement ou elle travaille : public ou privé, école secondaire ou université, Alliance française, Institut français, écoles de langues, etc. La Carte peut être mise en vente par lots (de 50, 100, … par exemple), à offrir par des institutions ou organismes à des groupes choisis de professeurs du monde (pour les soutenir en cette époque difficile ou à des occasions spéciales, par exemple). La Wallonie-Bruxelles International l’a déjà fait. Une Carte revient à 15 euros à tout enseignant de français désireux de l’acquérir, tandis que les professeurs adhérents à une association affiliée à la FIPF bénéficient d’un tarif réduit à 10 euros. En cette fin d’année,  deux CI ont été offertes à chaque association du réseau en règle avec le paiement de ses cotisations.

Nombreux sont les projets à évoquer pour rendre compte des liens forts qui unissent notre réseau ! Les INR, le concours « Et en plus, c’est sympa d’apprendre le français ! », les formations à destination des cadres associatifs, le projet de soutien aux jeunes enseignants de français n’en sont que quelques exemples ayant rythmé l’année 2020. Et quelle année 2020 ! Exceptionnelle par l’épidémie de Coronavirus qui a touché le monde. Et par les mesures prises pour tenter de l’endiguer. Forcées par la pandémie, il a fallu vite s’adapter, plus rapidement que ce qui était prévu dans nos projets d’avenir. Ce qui a été déployé en l’espace de quelques jours ou semaines aurait pu l’être au bout de plusieurs mois voire de quelques années dans un temps « hors-Covid ». Les transformations liées à la pandémie et aux confinements aussi bien dans l’enseignement que dans la vie associative sont légion : digitalisation des programmes, utilisation des outils de communication à distance, nouvelle organisation des formations, scénarios de classe innovés … Contre vents et marées, nous avons tenu bon grâce à notre solidarité. Je veux par là souligner l’intérêt qu’il y a, pour l’avenir du français, à maintenir et développer le réseau associatif unique de la FIPF à travers une mutualisation d’efforts et de moyens, primordiale en période de crise des finances publiques et privées : efforts et moyens de la structure centrale de la FIPF et de son dispositif dans les régions et les pays ; de ses tutelles et tous les organismes spécialisés dans la promotion du français ; de chacun de nous, ses membres. Le renforcement de la FIPF doit effectivement être considéré comme une entreprise de solidarité collective.

Alors que le présent a rarement été aussi lourd de menaces, ne faisons pas l’erreur d'entamer la nouvelle année sans avoir d’abord fermé les livres de l'année précédente ! Prenons le temps de nous évaluer et de nous réaligner dans la bonne direction pour la prochaine année ! 2021, vous le pressentez probablement, va être une année charnière. Mais une année ô combien stimulante ! Un Congrès mondial nous attend au mois de juillet, le XV-ième, organisé en Tunisie, à Nabeul Hammamet. Hybride ou à distance, en fonction de la situation sanitaire, il va montrer au monde entier à quel point la FIPF est un acteur influent des grands débats qui se font jour autour de la langue française et de son enseignement-apprentissage. 

Chères et chers collègues de partout, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter d’excellentes fêtes de fin d’année. Malgré cette période difficile que nous traversons, nous devons encore croire en la magie de Noël. Nous vous souhaitons donc un joyeux Noël en espérant qu’en 2021 nous pourrons nous retrouver. Qu’elle vous apporte des satisfactions personnelles et de belles réussites professionnelles et que nos projets s’accomplissent, au service d’une francophonie rayonnante et solidaire !  En attendant, prenez bien soin de vous et de vos proches.

Bien amicalement, au nom du Bureau exécutif de la FIPF et de son Secrétariat général,

Doina Spiță

Vice-présidente de la FIPF