Le billet de la Vice-présidente - Militantisme et solidarité

Chères et chers collègues de partout,

Au rythme de son temps et des évènements qui l’entourent, notre fédération vibre à travers ses membres et se découvre de nouvelles vocations. « La crise mondiale à laquelle l’humanité est confrontée est sans aucun doute la plus grave de notre génération. C’est comme si on s’était endormis dans un monde et on s’était réveillés dans un autre, totalement différent et étrange. » …

C’est ainsi que je commençais mon billet d’il y a exactement deux ans, une tentative d’analyse, à l’époque, de notre action commune pour nous « sauver » professionnellement de la pandémie à travers l’enseignement à distance … Une belle opportunité qu’on a su saisir et qui nous a fait avancer ! Mais tandis que la révolution numérique nous séduisait avec son univers et ses potentialités, d’autres inquiétudes commençaient à se réveiller avec de nouveaux attentats terroristes, les cyberguerres et les logiciels malveillants ou les martyres de guerre … Peut-on rester indifférents vis-à-vis des souffrances auxquelles certains de nos semblables étaient ou sont victimes ? Quels enseignements tirer de ces expériences qui bouleversent le monde ?

Un tout premier constat, dont on prend et reprend à chaque fois conscience, est que, pour évoquer les dires de Boris Cyrulnik, la personne est une valeur prioritaire qu’il faut à tout prix défendre dans sa pleine dignité. Pour le faire, toutes les modalités d’apprentissage collectif et d’entraide sont à valoriser. La mobilisation de la société civile, notamment grâce aux associations, en est une. Le désir et le plaisir que nous éprouvons en tant qu’adhérents à la FIPF d’être ensemble s’accompagnent toujours d’une volonté, également partagée, d’être aux côtés de ceux qui se trouvent en difficulté, d’améliorer la société, de changer l’ordre des choses lorsque le contexte l’impose et d’irriguer de nos prises de position et de nos initiatives la défense des valeurs profondément humaines qui sont aussi celles de la francophonie.

C’est d’ailleurs ce que nos statuts énoncent : une philosophie qui prône l’action et un programme défendant le renforcement du dialogue entre les cultures et les civilisations dans le respect de toutes et de chacune, la volonté d’apprendre, les uns et les autres, des uns et des autres, l’attachement entre les peuples par le biais de leur compréhension mutuelle, autant de solutions à notre portée pour bien gérer les différences, qu’il s’agisse de différences ethniques, politiques, culturelles ou civilisationnelles. En intégrant notre engagement associatif dans la défense des valeurs universelles de l’humanité, on développe de manière implicite une sorte de ferveur militante qui allie au travail des bénévoles que nous sommes le souci d’entraide solidaire et de philanthropie. Parmi les acteurs du don et de la générosité, on retrouve de nombreux professeurs de français. Je vais me faire l’écho des témoignages qui nous sont parvenus de la part de collègues qui participent, en toute discrétion, à cet élan mondial de l’agir ensemble et j’évoquerai quelques-unes de leurs initiatives.

En effet, tel que les diverses expériences de l’histoire récente du monde nous le montrent, lorsque nos semblables sont en difficulté, les chaines de solidarité arrivent à se mettre en place souvent de manière spectaculaire. De petits gestes de bienveillance jusqu’à des projets solides à long terme. Lorsque les victimes ont besoin de biens de première nécessité, on lance des appels au don et des milliers de cartons de produits sont ainsi expédiés vers les zones en difficulté. Très souvent, pour répondre au mieux au besoin des victimes des calamités de toute sorte, les associations préfèrent privilégier le don d’argent et les levées de fonds solidaires n’y manquent pas. Certaines collectivités envisagent des parrainages qui peuvent déboucher sur des jumelages. Au-delà du soutien matériel, nos collègues sont prêts à aider en traduction et prévoient des actions en matière d’éducation, de sport, de culture. Des cours de langues sont proposés à titre gracieux et les enfants sont intégrés dans les structures scolaires d’accueil. L’épineux problème de la production et de la réception du récit de presse, puis des représentations qu’il nourrit, n’est pas contourné. La manière dont le monde associatif des professeurs de français apporte sa contribution à l’effort de compréhension et de représentation collectif représente une facette singulière et significative, pas du tout négligeable, de la solidarité.

La vertu citoyenne propre aux structures associatives comme la nôtre nous apparait ainsi elle-même comme un bien commun dont on a besoin pour faire face à des bouleversements qui risquent souvent d’être à la fois brutaux et difficilement prévisibles. La solidarité se dessine indubitablement comme une des plus belles forces contre le mal, peu importe sa nature. Bien plus qu’un symbole, elle suscite des vocations. Je tiens à souhaiter bon courage à toutes et à tous les collègues de partout touché.e.s  par des évènements néfastes. Que l’espérance d’un monde plus enclin à la modération, la solidarité et l’amour se relève et que la FIPF, belle incarnation de l’esprit cofraternel, puisse passer le message d’humanisme qui est le sien. Le nôtre !

Doina Spiță
Vice-présidente de la FIPF