Le français pour et par le plaisir, l’esthétique et l’épanouissement personnel

Le français, c’est une langue belle avec des mots superbes qui porte son histoire à travers ses accents… fredonne Yves Duteil.

Dans ce billet, j’ai souhaité reprendre le thème du volume VI des Actes du XIVe Congrès mondial de la FIPF (Liège, 2016) que j’ai eu la chance de coordonner avec Annick Englebert et Geneviève Geron. Ce Volume porte sur « Le français pour et par le plaisir, l’esthétique et l’épanouissement personnel ». La notion de plaisir d’apprendre et d’enseigner le français me tient profondément à cœur et se trouve appuyée par le Plaidoyer de la FIPF pour le français (qui sera disponible courant 2019).

Le français, c’est la 2è langue enseignée dans le monde, la langue de la littérature, de l’amour, de la mode, du luxe nous dit-on ; plus politiquement, le français est la langue des droits de l’homme et de la liberté d’expression, c’est également et avant tout la langue de l’économie et du commerce, la langue des sciences et des publications scientifiques, etc.

Plusieurs raisons poussent les apprenant.e.s à choisir le français comme langue d’apprentissage seconde ou étrangère : l’employabilité ou le voyage dans un pays francophone pour les uns, sa nécessité sociale, ses aspects culturel, cognitif ou psychologique pour les autres, bref, le plaisir.

Peut-on considérer un instant l’apprentissage de la grammaire comme une source de plaisir et la compréhension des faits de langue comme un épanouissement ? Comment l’apprendre « autrement », de manière ludique, originale, avec des tâches et des outils concrets ? Peut-on proposer des descriptions grammaticales qui lutteraient contre la réputation du français, langue difficile à la grammaire incohérente ?

Peut-on considérer un instant l’apprentissage du français dans le cadre d’une pédagogie ludique, une pédagogie du plaisir qui serait l’ingrédient incontournable de l’apprentissage en classe, mais aussi hors de la classe ? Quel statut accorder à la faute et à l’évaluation, souvent paralysantes et conçues comme une sanction (par opposition au plaisir), dans une conception hédoniste de l’apprentissage ?

Peut-on considérer un instant que les cultures francophones attirent et font plaisir en procurant la satisfaction et l’épanouissement personnel des apprenants tant comme motivations à apprendre que comme moteurs au cours de l’apprentissage ? Les arts d’expression française (la littérature, la chanson, la musique, le cinéma, la bande dessinée), mais aussi l’architecture, la peinture, la cuisine, et plus récemment les réseaux sociaux peuvent exercer de puissantes attractions pour les apprenants, comment les intégrer au processus d’apprentissage ?

La réponse se trouve nos salles de classe où le plaisir d’enseigner/apprendre le français est une condition sine qua non de son rayonnement, mais surtout dans les yeux pétillants de nos apprenants d’apprendre la langue de chez nous, celle qui est allée à l’autre bout du monde pour offrir les trésors de richesses infinies afin qu’on vive en harmonie.

Cette notion de plaisir nous pousse, nous enseignant.e.s de français, à l’enseigner et à le promouvoir avec passion et conviction. Dans le plaidoyer de la FIPF pour le français, quatre grands axes constitués de vingt arguments constituent son assise.

  1. On enseigne/apprend le français parce que c’est une langue sympa qui nous laisse nous charmer par elle (ses sonorités captivantes, les nuances de son vocabulaire, l’élégance de ses phrases, l’enchantement de sa clarté, de sa précision, de sa logique, etc.)

  2. On enseigne/apprend le français parce c’est parce que c’est une langue utile qui nous permet de communiquer en français avec les 300 millions de francophones sur les 5 continents de la planète.

  3. On enseigne/apprend le français parce c’est parce que c’est une langue importante qui nous permet de défendre en français les valeurs qui font progresser l’humanité, de partager le projet francophone de mondialisation citoyenne et humaniste, de découvrir les cultures du monde en français, de résister en français à l’uniformité et aux hégémonies, etc.

  4. On enseigne/apprend le français parce c’est parce que c’est une langue pour vous et moi qui nous permet de prendre du plaisir en la parlant et en rejoignant la grande et joyeuse famille multicolore de la francophonie.

C’est justement ce plaisir qui nous pousse à nous pencher sur les représentations positives, la passion, la curiosité, l’envie dévorante associées à la langue française et aux pratiques mises en œuvre pour son apprentissage.

La méthode d’apprentissage a évidemment son importance, mais elle n’est rien sans la motivation, car c’est dans l’envie d’apprendre où se niche le secret des bilingues et polyglottes, c’est en sortant l’apprentissage du français de sa tour d’ivoire dans laquelle on le place souvent qu’on fait de lui une véritable invitation au voyage et à la découverte.

Mais le plaisir vient aussi du renversement des représentations négatives associées au français et à ses locuteurs : « le français est une langue difficile », « les francophones sont exigeants et intolérants face à la faute ». Comment pouvons-nous opérer ce renversement ?

Le français s’offre à toi : prends plaisir à communiquer et à t’exprimer comme les 300 millions de francophones du monde, tous autres et tous semblables !