Sommet de la Francophonie en Arménie : la FIPF rend hommage aux « hussards » de la langue française

L’Arménie a accueilli, durant la deuxième semaine d’octobre 2018, le XVIIe Sommet de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), le plus grand évènement jamais organisé dans le pays de Charles Aznavour « celui qui se veut “100 % arménien et 100 % français” ».

Même si l’Arménie n’a pas été historiquement sous influence française et n’est pas frontalier d’un pays francophone, elle compte 200 000 locuteurs de français, sur une population de trois millions d’habitants (Claire Digiacomi, AFP, Sommet de la Francophonie).

Durant le XVIIe Sommet de la Francophonie, à côté des chefs d’État et des premiers ministres francophones, la langue française a été portée par les « hussards » de la langue française de la Première République d’Arménie. J’ai eu le privilège et la grande chance de représenter la Fédération internationale des Professeurs de français (FIPF) à ce grand rassemblement et d'y rencontrer les « hussards » de la Francophonie.

Hommage aux « hussards » de la francophonie dans le monde

En 1905, « hussards » est devenu le surnom donné aux instituteurs après le vote de la loi de séparation des Églises et de l’État. C’est à Charles Péguy (1873-1914) que revient la paternité de l’expression « hussards noirs » à l’usage des enseignants dans L'Argent en 1913 lorsqu’il parle de ses souvenirs d’écolier évoquant les enseignants qu’il décrit en ces termes : « Nos jeunes maîtres étaient beaux comme des hussards noirs. »

C’est aux hussards de la langue française du monde entier que j’ai rendu — au nom de la FIPF — un hommage appuyé lors des activités organisées par la FIPF au village de la Francophonie.

C’est vous « hussards de la francophonie » qui êtes la vraie armada qui œuvre pour la promotion de la langue française et son enseignement.

C’est vous « hussards de la francophonie » (qui êtes en majorité des femmes — et des hommes — engagés), qui croyez corps et âme au rayonnement du français.

C’est vous, « hussards de la langue française du monde », qui permettez à vos apprenants d’avoir des yeux qui brillent, vous qui leur donnez le goût d’apprendre le français, vous qui les préparez pour le futur et non pas pour le passé, vous qui donnez à chaque don les mêmes chances de se développer, d’apprendre et de se réaliser.

Hommage aux hussards de la langue française d’Arménie

C’est sur le rythme des chansons de Charles Aznavour, grand fils du peuple, de Zaz, de Stromae, de Charles-Baptiste, etc., que vos élèves arméniens ont dansé, chanté et joué la Francophonie réunie à Erevan, la capitale arménienne. Vous, « hussards » de la langue française d’Arménie, leur avez donné des ailes ! Et à leur tour, ils nous ont réchauffé le cœur.

Pendant plus d’un an, vous étiez mobilisés pour rendre le XVIIe  Sommet de la Francophonie mémorable.

À Erevan, le Premier ministre Nikol Pachinian a suivi dès le mois de mai des cours de français avec la Présidente de l’Association arménienne des enseignants de français (AAEF), Mme Suzanne Gharamian. Il a prononcé plusieurs discours en français qui nous ont émerveillés.

Les policiers, voulant accueillir le monde francophone venant à eux, ont suivi des cours de français avec Mme Ani Hayrapetyan — membre de l’AAEF. Un manuel de conversation a même été publié pour les forces de l’ordre en service, et m’a été gracieusement offert. Je t’en remercie Ani.

Du primaire jusqu’à l’université, les apprenants de mesdames Vergine Harutunyan (École 54), de Marine Korayan, de Zarouhi Karapetyan (École 56), Lilit Barseghyan (École 125), Anaida Gasparyan (UFAR), et bien d’autres « hussards » (toutes membre de l’AAEF), nous ont accueillis avec une convivialité cinq étoiles : bénévoles, engagés et fiers de nous recevoir chez eux, ils nous ont guidés d’un lieu à un autre, nous ont fait vibrer, nous ont parlé de leur pays et d’eux-même avec “une notion d’excellence” (Roger Pilhion et Marie-Laure Poletti « …Et le monde parlera français ») du français, en bref, ils nous ont donné la preuve qu’on appartient toutes et tous à la même famille des francophones et francophiles du monde.

Même passion chez plusieurs propriétaires de café situés sur la place de la Liberté, qui, avec leurs employés, ont demandé à des professeurs de français de l’AAEF de leur apprendre les bases de la langue.  En outre, plusieurs chauffeurs de taxi témoignent de l’importance que revêt l’apprentissage de la langue française pour le Sommet. Ils souhaitent participer pleinement à la célébration de la grande famille qui, sur les cinq continents, a “cette langue en partage”.

C’est vous, « hussards » de la langue française d’Arménie, qui leur avez donné cet attachement particulier à la langue française.

C’est grâce à vos efforts, que la planète francophone, avec ses accents divers, ses tournures particulières, sa vision du monde multiple, s’est réunie à Erevan ; “vous étiez chaque jour debout et à pied d’œuvre, tout sauf fatigués”. (Michaelle Jean).

C’est grâce à vous que la langue française de Aznavour est devenue une francophonie qui ne connaît pas de frontières et de nationalités, une francophonie qui ne tourne pas le dos au monde, mais qui bien au contraire l’embrasse, une francophonie qui revendique une identité plurielle et mobilise les forces que vous êtes pour faire évoluer notre/votre langue française.

C’est avec vous qu’ont été écrites, à plusieurs plumes, les pages du XVIIè Sommet portant les valeurs de la Francophonie que vous incarnez.

C’est à vous, passeurs de langue et de culture, que la FIPF rend hommage !